Le 13 novembre 2015, la France a été secouée par une série d’attaques terroristes sans précédent. Parmi les sites ciblés, le Bataclan, salle de concert emblématique de Paris, est devenu le symbole d’une tragédie qui a coûté la vie à 130 personnes, dont 90 tuées uniquement sur le site alors qu’elles assistaient paisiblement à un concert. Cependant, au-delà de la douleur et de l’horreur, une nouvelle génération est née : la génération Bataclan. Cette dernière, marquée par l’expérience de cette nuit sanglante, est caractérisée par une résilience et le refus de se laisser définir par cet évènement.
Une appellation qui ne fait pas l’unanimité
Alors que le journal Libération, pensait faire juste un titre, voué à disparaître des esprits en quelques jours, il a peut-être créé là, sans s’en rendre compte, tout un symbole. L’expression « Génération Bataclan » va être, en effet, utilisée au fil de la journée pour designer ce qui a été attaqué ce 13 novembre 2015. Les victimes de ce massacre, plutôt jeunes, sont toutes regroupées dans cette appellation.
Très vite, ce titre ne va pas plaire à tout le monde, et pour des motifs légitimes. On lui reproche d’être trop réducteur, trop simple et de faire de l’ombre aux autres scènes du massacre à Saint-Denis et sur les terrasses. Pourtant, faute de mieux, l’appellation Génération Bataclan va poursuivre sa vie en dehors de la rédaction du journal.
Une atteinte à un style de vie
Preuve que l’expression est digne d’intérêt, elle cristallise le débat. D’une part, on trouve ceux pour qui le symbole de ce qui a été attaqué ne fait pas de doute, et de l’autre, ceux qui soutiennent une approche plus globale. Pour le journaliste Didier Péron, c’est « un mode de vie hédoniste et urbain » qui a été visé le 13 novembre dans cette mythique salle de concert.
En perpétrant ces atrocités dans cet espace de liberté et d’expression artistique où des milliers de jeunes se réunissaient pour profiter de la camaraderie, les terroristes auraient ainsi délibérément visé la jeunesse et ses valeurs de joie, de diversité et de vivre-ensemble. Cela ne semble néanmoins pas faire l’unanimité. Olivier Galland, sociologue spécialiste de la jeunesse, relève le manque d’unité intra-générationnelle et de rupture intergénérationnelle. Contrairement à mai 68, il manque à cette génération ce fort sentiment d’appartenance cristallisé par un évènement fondateur comme celui qu’elle a vécu.
On note aussi la moyenne d’âge d’environ 35 ans, qui ne permet pas d’assigner une génération spécifique. Différentes classes d’âge sont représentées, on passe parfois d’une génération à une autre. Alors que pour Gérôme Truc, il faut que l’âge adulte soit à 20 ans afin que cela « structure chez ces jeunes leur vision du monde ».
Le refus de vivre avec la peur
Pour reprendre tout de même cette appellation controversée, la génération Bataclan serait celle qui a décidé de ne pas laisser la peur les dominer. Ces membres ont refusé de se laisser intimider par la menace du terrorisme et ont continué de vivre leur vie avec audace et détermination. Cette volonté de ne pas être limitée par la terreur a inspiré cette génération à vouloir se distancer le plus possible de l’étiquette à mesure que l’expression était reprise dans les médias. C’est aussi un moyen pour elle de se reconnecter le plus vite à sa réalité, qui reste également partagée entre chômage et inégalités.